Brienne-Le-Château : un proche de la mouvance islamiste radicale assigné à résidence

Actualisation 26/07/16 - 18H : Selon ses avocats joints ce mardi 26 juillet, Farouk Ben Abbes "reste à ce jour assigné à résidence à Brienne-le-Château".

Après avoir respecté ses obligations de se présenter régulièrement à la gendarmerie durant son séjour dans l'Aube, des témoins ont vu Farouk Ben Abbes quitter Brienne-le-Château le vendredi 22 juillet 2016, escorté par des gendarmes. Son expatriation avait été demandée par le ministère de l'Intérieur, le 19 juillet. Mais finalement, alors qu'il avait embarqué dans un avion en direction de la Tunisie à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, les fonctionnaires de la police aux frontières ont interrompu son voyage. En effet, le Belgo-Tunisien est toujours sous contrôle judiciaire, ce qui lui impose de rester sur le territoire français. Farouk Ben Abbes a donc été ramené quelques heures plus tard dans la commune auboise. Sa période initiale d'assignation à résidence à Brienne-le-Château devait prendre fin le 26 juillet. La suite de ses conditions d'hébergement n'est pas encore connue. 

La nouvelle s’est vite ébruitée à Brienne-le-Château : Farouk Ben Abbes, un belgo-tunisien de 31 ans, soupçonné de terrorisme, est assigné à résidence dans la commune auboise. L’homme, islamiste présumé de 31 ans, est logé dans un hôtel. Il a été « transféré » depuis Toulouse (prison de Seysses), le temps de l’Euro de Football.

A Brienne, c’est la stupéfaction. Pour Nicolas Dhuicq, le député-maire, la décision du Ministre de l’Intérieur est « inadmissible ». Il ajoute, dans un courrier à Bernard Cazeneuve : « sans me prévenir en amont, autrement que par un appel deux jours avant, voici que l'on transfère en zone rurale, un individu dangereux islamiste, en provenance de Toulouse car jugé devenant trop dangereux là-bas ». C’est désormais à la brigade de gendarmerie de Brienne de garder un œil sur l’homme.

Farouk Ben Abbes n’a jamais été condamné pour terrorisme (il a toujours bénéficié d’un non-lieu faute de preuve) mais son nom revient dans plusieurs affaires (attentat du Caire en 2009 notamment). En mars dernier, il avait été condamné à 3 mois de prison pour ne pas avoir respecté son assignation à résidence.

Le Belge de 30 ans était installé à Toulouse depuis septembre 2015. Il est connu pour être un proche du Toulousain Fabien Clain qui a revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis. Farek Ben Abbes a été d’ailleurs a été l'un des premiers à être assigné à résidence au lendemain des attentats.

Voici le courrier de Nicolas Dhuicq adressé au Ministre de l’Intérieur :

Monsieur le Ministre, J’apprends qu’un dénommé Farouk Ben Abbes assigné à résidence, doté d’un impressionnant passif en matière de terrorisme islamiste, sera transféré pendant la durée de l’euro de football dans un petit hôtel, situé sur la commune de Brienne-le-Château dont je suis Maire. J’attire votre attention sur les enjeux sécuritaires de ce transfert à partir de Toulouse, sous prétexte que l’individu devenait trop dangereux dans cette région.

En premier lieu, il existe sur le secteur une concentration importante de sites sensibles. En effet, le dépôt de munitions de Brienne-le-Château, qui est à 3 km du centre-ville, détient 60 à 70 % des munitions de l’armée de terre. La Centrale de Clairvaux, pour le maintien de laquelle je me bats est à 25 kms et comporte un nombre non négligeable de détenus travaillés par l’islam radical. Je pourrais tout autant rajouter les centres de stockage de l’ANRA à 10 kms.

En deuxième lieu, la brigade et la communauté de brigades de gendarmerie sont déjà débordées par les trafics en tout genre en provenance de Belgique en particulier. Or, le dénommé Ben Abbes est justement de double nationalité turque et belge. Accessoirement, il existe une forte communauté turque à Bar sur Aube, à 20 km de Brienne-le-Château. La police municipale est constituée de trois agents qui n’ont pas terminé leur formation pour le port d’arme, en outre, je suis au courant de problèmes de fournitures de munitions de petits calibres pour nos brigades, en particulier pour le 9 mm qui devient obsolète. Du reste, je vous adresserai une proposition à ce sujet la semaine prochaine.

J’attire tout particulièrement votre attention sur le fait que quelques heures après son arrivée dans ledit hôtel, étant donné la structuration rurale d’un bourg centre de 3000 habitants, tout le territoire connaîtra la présence de l’individu et cela pourra engendrer un émoi et des réactions difficilement contrôlables dans la population générale. Enfin, le sieur Ben Abbes se trouvera par cette décision, rapproché de toutes les voies de communication qui mènent à la capitale ou au Benelux.

Vous comprendrez qu’il me semble tout à fait déraisonnable d’envisager que la surveillance de cet individu et la sécurité du territoire puissent être assurées dans ces conditions. Vous remerciant par avance de l'intérêt bienveillant que vous porterez à mon courrier, je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Ministre, ma plus profonde considération.

Le député-maire attend une réponse.